60 ans après leur rencontre, Claudette et Christian vivent toujours ensemble à l’hôpital de Foucharupt
Claudette n’a jamais abandonné les chiffres : elle est aujourd’hui au niveau diabolique d’un jeu de sudoku en ligne
Elle porte un chandail coloré, lui un bonnet gris. Elle sourit avec les yeux, lui de toutes ses dents. Claudette et Christian Billy, respectivement âgés de 83 et 86 ans, se sont rencontrés il y a plus de 60 ans. Et ne se sont jamais quittés : encore aujourd’hui, ils vivent ensemble à l’EHPAD de Foucharupt.
« Notre rencontre… Ah c’était bizarre, on n’aurait pas dû ! s’amuse Claudette. Christian vient de Seine-et-Marne et moi de Champagne, région qu’il appelait la campagne pouilleuse ! » C’est donc en terrain neutre qu’ils se rencontrent : en Marne. L’année de ses vingt ans, la Champenoise s’y rend pour une soirée. Elle y croise un homme, trois ans et demi plus âgé. Christian. C’est le coup de foudre : « Il ne m’a jamais lâchée depuis ! »
Le binôme apprend à se connaître au fil du temps. Claudette, fille unique d’un couple de fermiers, raconte à Christian son enfance passée à travailler aux côtés de ses parents en parallèle de ses cours de comptabilité agricole. Avant de se retrouver à temps plein à la ferme, sans forcément s’y plaire. Elle ne lui cache pas son amour pour les chiffres.
Christian écoute, renchéri : lui aussi, ses parents sont fermiers. Quatrième d’une fratrie de six garçons, il travaille à la ferme familiale depuis son plus jeune âge. Il en est parti quelques mois pour effectuer son service militaire : « J’y étais infirmier », confie-t-il. Avant de revenir dès la fin de sa formation pour s’occuper de l’exploitation. Ses frères ont préféré se tourner vers d’autres carrières, Christian est le seul à rester dans ce domaine qu’il aime tant. Alors depuis trois ans, c’est lui qui gère la ferme de ses parents.
Le temps passe, l’amour reste : deux ans après leur rencontre, le couple se marie, et Christian rejoint Claudette dans la ferme de ses beaux-parents. Claudette est toujours attirée par les chiffres mais doit donner un coup de main, puis deux, puis trois. Finalement, elle aussi fait de la ferme son quotidien, en y gérant seule la comptabilité de l’exploitation.
« Ma mère, qui vivait près de l’exploitation, a essayé de me gouverner jusqu’à mes 30 ans », soupire Claudette. Elle est alors mère de trois enfants et travaille toujours aux côtés de son mari. Ce dernier lui suggère de se présenter en tant que conseillère municipale. « J’ai pris confiance en moi à ce moment-là car on m’a enfin demandé mon avis. Et je n’écoutais plus ma mère ! » Elle enchaîne deux mandats avant de se retirer, fière de cette aventure.
Aux alentours de 60 ans, le couple décide de revendre la ferme pour profiter de la retraite. Il reste une dizaine d’années en Champagne avant de déménager dans le bassin déodatien pour se rapprocher géographiquement de deux de leurs filles. « On est restés dix ans en appartement. Mais Christian a fait des AVC et moi, j’étais toujours par terre car je voulais aller trop vite. Je me suis cassé le péroné en manquant une marche, je suis tombée en fermant le coffre de la voiture… On n’arrivait plus à faire ce qu’on voulait. »
Le binôme prend alors une décision : un nouveau déménagement. Le 23 juillet 2024, il s’installe à l’EHPAD de Foucharupt. « Si j’avais su que ça se passait comme ça, je serais venue dix ans plus tôt ! », s’amuse Claudette. Installée dans la même chambre que son mari, elle apprécie de discuter avec les résidents, s’inscrit à la plupart des activités proposées quotidiennement par les animatrices et participe activement à la vie de l’hôpital. Christian, plus discret, n’hésite pas à la rejoindre quand les animations l’intéressent également. Par exemple, le repas spécial Saint-Valentin organisé le 14 février pour les couples de l’établissement.
